La femme algérienne est considérée comme un facteur essentiel de cohésion et de stabilité de la société en tant que pilier de la cellule fondamentale de la société. L’état lui réserve un intérêt particulier et une volonté politique constamment exprimée dans tous les domaines de la vie. Pour cette raison l’Algérie a, depuis la constitution proclamée en 1975, garanti pour la première fois l’égalité devant la loi. En revanche, la constitution de 1989 révisée en 1995 avait consolidé les principes des droits universels des personnes. L’amendement constitutionnel de 2008 et l’article 31 bis réservent au moins 30 % des listes électorales aux femmes. Enfin, l’amendement constitutionnel de 2016 a contribué à la consécration du principe d’égalité des genres dans le monde du travail.

Plusieurs mesures avaient été prises par les autorités publiques dans le cadre de la politique globale en faveur de la femme, notamment dans le sillage de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Pékin 1995): un comité permanent avait été créé de même qu’un secrétariat d’état au rang de département ministériel dirigé par une femme. Il est important de signaler l’attachement constant de l’Algérie à toutes les résolutions onusiennes de nature à promouvoir les droits de la femme et lui permettre de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030. A ce propos, elle appelle la communauté internationale à consentir davantage d’efforts pour contenir tous les foyers de tensions à travers le monde privant les femmes d’exercer leurs droits légitimes. En conclusion, je dirais que la femme algérienne, grâce à son combat, à la volonté politique des responsables du pays et au travail de la société civile, est parvenue à obtenir des droits dans tous les domaines. Son rôle dans la médiation (famille, école, entreprise…) est très important bien qu’il reste encore un grand effort à faire au niveau international et je suis de l’avis que c’est aussi le cas de toutes les femmes à travers le monde. 

Saida Bounab

Algérie

17 ans après le vote à l’unanimité de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, mieux connue comme agenda ‘Femmes, Paix et Sécurité’, les pouvoirs publics tunisiens s’activent pour sa mise en pratique. Des études ont été entamées par le Credif (Centre de Recherche sur les Femmes, sous tutelle du Ministère de la femme et de la famille) afin d’identifier les priorités stratégiques pour la mise en œuvre de cet agenda et l’adapter à la réalité tunisienne en appui à la l’élaboration du Plan d’Action National (PAN).

Ces études ont fait l’objet d’un débat en ateliers dans l’objectif d’améliorer la connaissance de la résolution 1325 des différents acteurs gouvernementaux et de la société civile, de présenter les processus d’élaboration et la mise en œuvre des plans d’action nationaux (expérience spécifique de la Finlande), d’évaluer la pertinence du contenu de l’agenda ‘Femmes, Paix et Sécurité’ pour la Tunisie en identifiant les priorités, d’expliquer l’importance de la résolution dans la protection des droits des femmes et dans un cadre sécuritaire inclusif et égalitaire. Ce travail a été réalisé en partenariat avec ONU-Femmes et financé par la Finlande. Un comité de pilotage a été mis en place, composé de membres des différents ministères concernés et des organisations de la société civile, pour l’élaboration d’un plan d’action.

En octobre 2019, la Ministre de la femme et de la famille a annoncé officiellement la réalisation du PAN afin de rendre effective la résolution 1325. Ce plan est composé de programmes sectoriels sur l’autonomisation économique des femmes : « un projet de vie pour chaque région » visant en priorité les régions frontalières menacées par le terrorisme, l’extrémisme et la pauvreté. Le plan a été présenté aux bailleurs de fonds pour un financement.

A ce jour rien n’est encore concrétisé et nous nous interrogeons sur le degré de conviction des autorités à réaliser ce projet. Dans le contexte actuel de la crise politique et économique que connaît le pays, l’espoir semble limité. Les blocages ne sont pas d’ordre législatif car des avancées ont été enregistrées dans la période post – révolution. En effet, d’importants textes ont été promulgués : la Constitution a consacré l’égalité et la parité entre les citoyennes et citoyens, la loi contre les violences vis-à-vis des femmes et la levée des réserves quant au CEDAW (Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes). Les obstacles résident dans l’absence d’une volonté politique et du peu d’intérêt porté par les autorités aux droits des femmes pour en faire une priorité et concrétiser le PAN de la résolution 1325. Autant de défis à relever dans un contexte où les islamo-conservateurs à la tête de l’Etat sont peu soucieux de cette question, occultant que les conflits armés et le terrorisme touchent autant les femmes que les hommes. Le manque de financement pour la réalisation du PAN ne fait que renforcer ces blocages. Face à un projet à l’arrêt par manque de ressources et d’intérêt, il revient donc à la société civile de se mobiliser pour le remettre à l’ordre du jour et en faire un combat.

Khadija Cherif

Tunisie

À mon avis, les Plans d’Action Nationaux (PAN) de la résolution 1325 du Conseil de sécurité demeurent l’un des outils les plus puissants dont dispose un pays, avec toutes ses parties prenantes, pour accroître l’inclusion des femmes dans le cadre politique et de la consolidation de la paix, ainsi que pour la protection des femmes et des filles. Cela vaut maintenant plus que jamais, alors que le monde apprend à faire face à une pandémie mondiale et à ses répercussions. Une situation qui a démontré, une fois de plus, que les femmes sont les plus touchées par les conséquences de toute crise, que ce soit à la maison ou sur le lieu de travail.

Au Liban, la préparation du PAN a été entreprise par la Commission Nationale pour les Femmes Libanaises (CNFL). Cette Commission, présidée par Mme Claudine Aoun Roukoz, a été chargée par le Conseil des Ministres en 2017 d’élaborer ce PAN. ll a été confié à Mme Mirine Maalouf, membre de la Commission, de diriger cet effort et d’élaborer une feuille de route que le gouvernement, les institutions multilatérales, la société civile, les institutions universitaires, le secteur privé et les médias utiliseraient pour coordonner les actions et suivre les résultats. En septembre 2019, le Conseil des Ministres de la République du Liban a approuvé le premier PAN du pays sur la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cela a représenté un important tremplin pour mon pays. Je suis extrêmement fière des femmes libanaises qui sont à l’origine de ce changement dans le pays.

Juste après l’approbation du PAN, le Liban a connu un soulèvement populaire. Les femmes se trouvaient en première ligne des manifestations qui ont balayé toutes les régions du pays. Sous la pression de la société civile qui réclame des réformes et changements dans le pays, je pense que le PAN fournit une feuille de route pour les espoirs et les aspirations du peuple libanais en matière d’égalité des sexes. Malgré le confinement et la crise économique actuelle au Liban, le travail de mise en œuvre du PAN n’a point cessé. En effet, le 1er juillet 2020, le Comité national de pilotage pour la mise en œuvre du PAN a tenu sa première réunion et adopté un plan de travail complet comprenant des activités à accomplir tout au long de la période 2020-2021.

Le principal défi reste naturellement le financement du PAN. L’aspect positif est que le PAN du Liban a été budgétisé au moment même où il a été approuvé, mais le côté négatif réside dans la situation économique actuelle du pays. En effet, les fonds gouvernementaux – déjà minimes – risquent d’être affectés prioritairement à d’autres activités. Un autre défi se présente avec la situation politique et économique générale qui pourrait retarder la mise en œuvre du PAN. Dans l’ensemble, je garde l’espoir que les différentes parties prenantes et les dirigeants de la CNFL considèrent le PAN comme un outil permettant de relever les défis auxquels les femmes libanaises seront confrontées en raison de la crise, plutôt que de laisser le PAN devenir une victime de la situation.

Karma Ekmekji

Liban

Conscient de l’importance d’intégrer la problématique des femmes comme une composante explicite des initiatives de paix et dans la perspective de l’échéancier onusien de 2020, le Maroc a officiellement lancé le 26 juin 2019 au siège du Ministère des Affaires Etrangères (MAEC) le processus d’élaboration du Plan d’Action National du Royaume du Maroc sur la thématique ‘Femmes, Paix et Sécurité’, pour la mise en œuvre de la résolution 1325. Il s’agit là de consolider les efforts consentis du Royaume du Maroc dans la promotion du leadership féminin dans les domaines de la paix et de la sécurité en les mettant en valeur dans le contexte international, notamment vis-à-vis de l’organisation des Nations Unies. En étroite collaboration et concertation avec les départements ministériels concernés par cette thématique et avec l’appui d’ONU-Femmes, ce processus ambitionne de soumettre ce Plan d’Action National ‘Femmes, Paix et Sécurité’ au nom du Royaume du Maroc aux Nations Unies en 2020, et ce, en commémoration du 20ème anniversaire de la résolution 1325 et du 75ème anniversaire de l’Organisation des Nations Unies.

Un Comité de Pilotage interministériel, guidé par le MAEC, regroupe les différents départements ministériels marocains concernés. La Présidente de la Commission Nationale du Droit International Humanitaire contribue, également, aux travaux de ce Comité de Pilotage. A partir de ce Comité, deux structures ont été établies : une Task-Force chargée de l’aspect rédactionnel du PAN et un Comité Restreint chargé de la composante de la société civile dans le cadre de ce processus.

Si les Plans d’Actions Nationaux revêtent une grande importance et sont des instruments pertinents pour la mise en œuvre de l’agenda de la résolution 1325, il est regrettable qu’ils soient établis seulement sur une base volontaire et non pas obligatoire. Les résultats sont bien évidemment différents s’il on considère des pays qui en sont à leur deuxième voire troisième PAN et d’autres qui n’ont même pas commencé. Adopter un Plan d’Action National permet d’évaluer la situation juridique, politique et institutionnelle et d’identifier les priorités stratégiques visant à instaurer les conditions de la paix et à les consolider pour organiser une riposte adéquate en évitant et prévenant ainsi les horreurs de la guerre.

L’élaboration ainsi que la mise en œuvre des Plans d’Action Nationaux, et surtout la budgétisation des différentes actions prévues en leur sein – ceci au niveau national –, représentent par conséquent le principal défi. Au niveau international, le défi porte sur la façon d’améliorer la visibilité de l’expertise, des expériences et des contributions des femmes à la paix.

Farida Jaidi

Maroc