Un séminaire intitulé “Formation et partage d’expériences sur la médiation inclusive et de genre » s’est tenu à Rome auprès du Palais Torlonia du 12 au 18 avril et a réuni 12 membres du réseau provenant de 10 pays de la région méditerranéenne, à savoir : le Portugal, Chypre, la Turquie, l’Algérie, la Libye, l’Espagne, la Croatie, le Liban, l’Egypte et la Palestine. Ce module de formation a été organisé dans le cadre des activités 2019 du Réseau des Femmes Médiatrices de la Méditerranée (RFMM), un projet lancé, soutenu et financé par le ministère italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale en collaboration avec l’Istituto Affari Internazionali (IAI) et le réseau Femmes en sécurité internationale (WIIS-Italie), principaux partenaires dans la mise en œuvre des activités du Réseau.

La formation visait à développer les compétences en analyse des conflits en tenant compte de la dimension de genre, à renforcer les capacités en matière de médiation et de négociation, et à fournir une analyse approfondie, du point de vue du genre, des thèmes généralement soulevés lors des processus de médiation, tels que la violence sexuelle et le cessez-le-feu, le partage du pouvoir, les ressources naturelles, les droits fonciers et de propriété.  Ce séminaire de formation a également constitué une occasion importante pour les membres du réseau de se réunir à Rome après l’évènement fondateur advenu en octobre 2017, et de partager les expériences et les connaissances de leurs pays respectifs.  Le travail d’équipe est une composante essentielle de la vie d’un réseau et les participantes ont reconnu que le temps passé ensemble leur avait permi de se sentir davantage impliquées dans l’initiative et de développer un sentiment d’engagement plus fort vis-à-vis du RFMM.  

Le premier volet de la formation, conduite par Mme Catherine Turner, professeure agrégée en droit à l’université de Durham et directrice adjointe des Etudes sur la sécurité globale à Durham, s’est concentré sur les principes fondamentaux de la médiation, l’analyse des conflits et de la paix, la conception de processus et les aptitudes à la communication (écoute active). Tous les aspects ont été analysés dans une perspective de genre, démontrant une fois de plus comment une analyse de conflit sans distinction de genre peut affecter l’ensemble du processus de consolidation de la paix. 

Mme Turner a partagé les conclusions de ses dernières recherches menées sur les compétences spécifiques apportées par les femmes aux processus de médiation et a examiné les obstacles juridiques, politiques et culturels qu’elles doivent affronter en accédant à la médiation de haut niveau. Elle a en outre attiré l’attention sur le rôle des femmes dans le processus de consolidation de la paix en Irlande du Nord.

Le deuxième volet a été dirigé par Sanam Anderlini, fondatrice et directrice exécutive du  » Réseau international d’action de la société civile » (ICAN), et membre du « Réseau des femmes médiatrices du Commonwealth« . En partant d’un excursus sur l’histoire, l’évolution de la guerre et de la consolidation de la paix, elle est passée à une analyse de la négociation du cessez-le-feu et du partage du pouvoir dans une perspective de genre et d’inclusion. Une attention particulière a également été consacrée aux ressources naturelles, aux droits fonciers et de propriété, et à la réforme du secteur de la sécurité, en soulignant que chacun de ces sujets doit être intégré dans une optique de genre s’il on souhaite que les besoins de tous soient pris en considération lors d’un processus de paix.

Pendant toute la semaine, les cours ont été complétés par des exercices de simulation et des jeux de rôle afin de permettre aux participantes de mettre en pratique leurs compétences en matière de médiation, de négociation et de communication. Melinda Holmes, conseillère principale et directrice de programme pour les droits des femmes, la paix et la sécurité à ICAN, a guidé une réflexion chorale sur l’identité du réseau et ses valeurs fondamentales en aidant ainsi le groupe à identifier les objectifs à moyen terme. Sur la base de cette réflexion commune une feuille de route a été élaborée, soulignant les objectifs progressifs à atteindre d’ici 2020 de la part du RFMM afin d’accroître la participation des femmes à la prévention des conflits mondiaux et à la médiation.

Ce premier séminaire de formation, accueilli avec enthousiasme par les participantes, sera suivi d’un deuxième rendez-vous qui se tiendra cette fois-ci en français, toujours à Rome, en juin prochain. Le programme de formation a été développé et coordonné par Irene Fellin, présidente du  réseau Femmes en sécurité internationale (WIIS-Italie), en collaboration avec l’Istituto Affari Internazionali (IAI).