La deuxième édition de la « Formation et partage d’expériences sur la médiation inclusive et de genre » s’est tenue à Rome du 10 au 14 juin et a réuni 12 membres du réseau provenant de 7 pays de la région méditerranéenne, à savoir : l’Algérie, Andorre, le Maroc, Chypre, l’Italie, le Liban et la Tunisie. Ce module de formation, réalisé en français, a été organisé dans le cadre des activités 2019 du Réseau des Femmes Médiatrices de la Méditerranée (RFMM), un projet lancé, soutenu et financé par le ministère italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale en collaboration avec l’Istituto Affari Internazionali (IAI) et le réseau Femmes en sécurité internationale Italie (WIIS-Italie), principaux partenaires dans la mise en œuvre des activités du Réseau.

Conformément au module précédent, la formation visait à développer les compétences en analyse des conflits en tenant compte de la dimension de genre, à renforcer les capacités en matière de médiation et de négociation, et à fournir une analyse approfondie, du point de vue du genre, des thèmes généralement soulevés lors des processus de médiation, tels que la violence sexuelle et le cessez-le-feu liés aux conflits, le partage du pouvoir, les ressources naturelles, les droits fonciers et de propriété.

Le premier volet de la formation, conduite par Cynthia Petrigh, fondatrice de BeyondPeace, s’est concentré sur les principes fondamentaux de la médiation, l’analyse des conflits et de la paix et la conception de processus. Tous les aspects ont été analysés dans une perspective de genre, démontrant une fois de plus comment une analyse de conflit sans distinction de genre peut affecter l’ensemble du processus de consolidation de la paix. L’accent a été mis sur l’importance d’analyser et d’impliquer tous les acteurs dans le processus, y compris ceux de la paix, sans se limiter aux seuls groupes militaires et armés. La présence des acteurs de la paix à la table des négociations est essentielle si nous souhaitons construire une paix positive et pas seulement mettre fin à la violence (paix négative).

Le deuxième volet a été dirigé encore une fois par Sanam Anderlini, fondatrice et directrice exécutive du  » Réseau international d’action de la société civile » (ICAN), et membre du « Réseau des femmes médiatrices du Commonwealth« . Partant d’un excursus sur l’histoire, l’évolution de la guerre et la consolidation de la paix, elle a ensuite présenté le rôle important qu’ont joué les coalitions de femmes pour la paix dans les principaux conflits de ces dernières décennies.

Elle est ensuite passée à une analyse de la négociation du cessez-le-feu et du partage du pouvoir dans une perspective de genre et d’inclusion. Une attention particulière a également été consacrée à d’autres sujets tels que les ressources naturelles, les droits fonciers et de propriété, et la justice transitionnelle, en soulignant combien chacun de ces thèmes doit être intégré dans une optique de genre si on veut s’assurer que les besoins de tous soient effectivement pris en considération au cours d’un processus de paix et que les inégalités structurelles de genre soient traitées.

Son travail s’appuie sur l’initiative « Meilleur outil de paix« , un projet développé et mis en œuvre par ICAN, visant à sensibiliser les acteurs de la paix aux questions de genre, à fournir des conseils pragmatiques tels que des animations, des guides de discussion et des formations pour l’inclusion des femmes artisanes de paix et à proposer des mesures proactives dans le but d’élargir la participation.

Pendant toute la semaine, les cours ont été complétés par des exercices de simulation et des jeux de rôle afin de permettre aux participantes de mettre en pratique leurs compétences en matière de médiation, de négociation et de communication. Une journée a été consacrée à une auto-évaluation du réseau : des représentantes du secrétariat du RFMM ont guidé une réflexion chorale sur l’identité du réseau et ses valeurs fondamentales en aidant ainsi le groupe à identifier les objectifs à moyen terme. Sur la base de cette réflexion commune une feuille de route a été élaborée, soulignant les objectifs progressifs à atteindre d’ici 2020 de la part du RFMM afin d’accroître la participation des femmes à la prévention des conflits mondiaux et à la médiation.

La formation a également représenté une occasion importante pour les membres du réseau de se réunir à Rome après l’évènement fondateur advenu en octobre 2017, et de partager les expériences et les connaissances de leurs pays respectifs. En particulier, Lea Baroudi a présenté les activités menées au nord de Tripoli par son ONG “March Lebanon”, visant à promouvoir la cohésion sociale et les libertés individuelles. La consolidation de la paix et la médiation des conflits au niveau communautaire est un pilier de l’ONG qui se concentre également sur une approche holistique et réhabilitante à travers les arts et la culture dans le but de favoriser la tolérance et la réconciliation entre les deux quartiers en conflit dans la ville.

Le temps partagé dans le cadre des ateliers, tout en appréciant certaines beautés de Rome, a permis aux participantes de renforcer leurs relations et de consolider l’équipe. Un réseau est fait de personnes et pour les personnes. Grâce au temps passé ensemble, les membres ont reconnu se sentir plus impliquées dans l’initiative et ont développé un sentiment d’engagement plus fort envers le RFMM.  Le programme de formation a été développé et coordonné par Irene Fellin, experte en genre et en médiation, et présidente du  réseau Femmes en sécurité internationale (WIIS-Italie), en collaboration avec l’Istituto Affari Internazionali (IAI).